MERCI à Michelle Pieper de Dusseldorf, (Allemagne) qui m'a envoyé cet article
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De Funes, Bourvil et Gabin

Making of

 

En réalité ce n'est pas pendant "la traversée de Paris" , puis en 1962, dans "Le gentleman d'epsom", que le torchon a vraiment brulé entre Gabin et De Funes, mais de longues années plus tard ... Car dans les deux premiers films, les deux comediens avaient seulement quelques répliques à échanger, donc peu d'occasions de s'agresser. Cependant il n'a pas été de même lorsqu'ils se sont retrouvés sur le tournage du "Tatoué", en 1968 ...

Là ils devaient se côtoyer toute la journée ! Jean Gabin avait besoin de calme pour se concentrer. Et il ne supportait pas les pitreries de son partenaire, qui, pour sa part, ne manquait jamais une occasion de mettre son grain de sel dans le scénario: Un sketch supplémentaire, une grimace de plus, de Funes n'était jamais à court d'idées. Ce qui mettait Gabin en rage ...

"Qu'on me prévienne quand il aura mis au point son petit numéro personnel", marmonnait-il en allant s'asseoir dans son fauteuil, à l'autre bout du plateau. Et quand le tournage reprenait, pour montrer son mécontentement, il ralait de plus belle: "Avec ce qu'il fait maintenant, ce que je fais moi ne va plus. Mettez çà au point, je ne suis pas auteur, moi !!"

Comme de son coté, Louis De Funes n'avait pas non plus l'habitude de cacher sa mauvaise humeur , il répliquait en lançant, mine de rien, des remarques acides !! "Gabin est charmant , mais le travail fini, pffffff. Il ne peut pas pas supporter le bruit d'une épingle qui tombe quand il tourne. Moi au contraire, si je pouvais, je mettrai de la musique pour créer l'ambiance ..."
Et de renchérir, une fois le film sorti en salle: "Ah! Gabin, quand il est mal luné, c'est quelque chose, confiait-il à un journaliste de Ciné Revue. Il fume trop alors il est parfois de mauvaise humeur. Je connais la chanson. J'ai beaucoup fumé" Et, ce n'est qu'aprés son infarctus que "le gendarme" fera amende honorable en déclarant "C'est quand même un grand bonhomme ! C'est vrai qu'on ne s'est pas bien entendus, Gabin etmoi. C'est de ma faute. J'étais trés fatigué pendant le tournage du tatoué. Et puis, il y a quelque chose qui a fait que çà ne collait pas entre nous. Par timidité je le lui disais "vous" , et lui me tutoyait.
Je crois que qu'il aurait été plus gentil si je l'avais tutoyé."

Quant à Bourvil, toujours serein, il supportait sans rien dire les humeurs de ses partenaires. Jamais un mot plus haut que l'autre ... Il faut dire qu'une indéfectible amitié le liait à De Funes. Tout les opposait et, pourtant les deux comédiens s'entendaient comme larrons en foire ..... Le premier tempérait le caractére volcanique de l'autre, ne s'énervant jamais quand Louis, perfectionniste dans l'âme, se peaufinait des sketches. Pour sa part, de Funes se faisait un plaisir de le conseiller lorsqu'il s'agissait de négocier les contrats de ses films.

Humeur ... Ombrageuse !

Le tournage du Corniaud n'a fait par la suite que renforcer leur amitié.

"Bourvil avait trouvé un truc pour me dérider, racontait De Funes. Il arrivait devant moi pour me dire bonjour et murmurait entre ses dents: "Alors, toujours obsédé sexuel ?" A tous les coups çà marchait. "Je hurlais de rire ... " .

Une complicité que confirme Gérard Oury , le réalisateur du film. Le réalisateur du film.

"Louis se levait parfois du pied gauche. Bourvil et moi venions alors faire les clowns autour de lui. Au bout de 3 minutes, il éclatait de rire et c'était fini, sa mauvaise humeur avait disparu."

Entre Gabin et Bourvil, en revanche, les liens n'étaient pas aussi forts ... Mais ils s'estimaient mutuellement et aimaient beaucoup jouer ensemble. "Il est parfait , disait Jean. Il est si calme et si patient ..."

Bourvil et Jean Gabin dans "La traversée de Paris". Une respect mutuel liait les deux monstres sacrés. Chacun appréciait le professionalisme de l'autre
En les retrouvant tous les trois dans "La traversée de Paris" , ou GrandGil-Gabin se déchaine contre Jambier-De Funes, pendant que Martin-Bourvil attend que le calme revienne, on pourrait presque jurer que les hommes ne jouaient pas la comédie ! Extrait de la traversée de Paris

Caroline Madjar

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